Quelque chose vient de se produire qui depuis la première guerre mondiale s’est à chaque fois traduit par une récession. A 16 reprises depuis 1919, la production industrielle a connu 8 mois consécutifs de baisse au cours des 12 mois précédents, et dans chacun de ces 16 cas, l’économie américaine a plongé en récession. Maintenant que c’est à nouveau arrivé, est-ce que l’économie américaine déjouera les statistiques et évitera une récession économique majeure ? Je ne compterais certainement pas dessus. Comme je l’ai expliqué à plusieurs reprises, il y a toute une foule d’autres chiffres qui indiquent qu’une nouvelle récession est là, et les marchés financiers mondiaux s’effondrent. Il faudrait un immense miracle pour nous sortir de cette situation, et pourtant il reste encore beaucoup de gens pour y croire.
John Hussman n’est pas l’un d’entre eux. Dans son commentaire hebdomadaire le plus récent, il a étudié cette magnifique corrélation qui existe entre les baisses mensuelles consécutives de la production industrielle et les récessions. Pour moi, ce qu’a présenté John Hussman est vraiment concluant…
La semaine dernière, après une longue période d’appauvrissement de la demande interne et de fléchissement des commandes, nous avons observé de nouvelles baisses dans la production industrielle et dans les ventes au détail. La production industrielle a également baissé par rapport à l’année précédente. La fragilité que nous observons actuellement est fortement associée à une récession. Le graphique ci-dessous (remercions Jeff Wilson) trace le nombre cumulé des baisses mensuelles consécutives de la production industrielle au cours des 12 mois précédents, et ce depuis 1919. Les récessions sont coloriées en vert. Le total actuel de 10 mois consécutifs de baisse (sur 12 mois possibles) de la production industrielle n’a jamais été observée, sauf dans le contexte d’une récession américaine. Historiquement, comme Dick Van Patten dirait, huit mois est suffisant pour confirmer une récession.
Après avoir regardé ce graphique, y en a-t-il encore qui doutent que l’économie américaine soit en difficulté majeure ?
Pour le quatrième trimestre de 2015, de nombreuses estimations évaluent la croissance du PIB américain à 1% à peine. Mais, ce ne serait absolument pas une surprise de voir un résultat négatif publié.
Et bien sûr, toujours plus de mauvaises nouvelles sur le front économique continuent de tomber. Cette semaine, nous avons appris que le taux de croissance des impôts est devenu négatif, que l’entreprise Johnson & Johnson supprimait 3000 emplois dans la division matériel médical, et que BP va supprimer 4.000 emplois dans la production pétrolière.
Bien sûr, vous me direz que ce n’est pas réellement une surprise de voir BP supprimer des emplois. Actuellement, nous assistons à une hémorragie d’emplois dans l’ensemble de l’industrie du secteur de l’énergie. Comme je l’ai déjà écrit hier à ce sujet, 130.000 emplois bien rémunérés du secteur de l’énergie ont été détruits aux États-Unis depuis le début de l’année 2015.
Mais maintenant, nous voyons de grandes entreprises en dehors du secteur de l’énergie supprimer des emplois. Même des géants financiers comme Morgan Stanley cherchent des solutions afin de réduire les coûts…
Morgan Stanley vient d’annoncer un bénéfice au quatrième trimestre, et il fournit des détails aux investisseurs sur un plan de réduction des coûts nommé « projet Streamline ».
Lors d’une conférence téléphonique, le PDG James Gorman a prononcé une phrase qui donnera très probablement des frissons aux salariés de la banque.
« Trop de collaborateurs basés dans des centres à coûts élevés font un travail qui peut raisonnablement être réalisé dans des centres à moindre coût», a-t-il déclaré.
Ce secteur est en train de se transformer.
Quand les choses se dégradent, les grandes entreprises commencent par se débarrasser des gens. Nous l’avons vu en 2008, et c’est en train de se reproduire à nouveau.
Et tout comme la dernière fois, nous allons voir des millions d’Américains perdre leur emploi durant les années difficiles qui nous attendent.
Mais heureusement pour le moment il y a une brève accalmie dans ce tourbillon. La crise financière qui secoue le monde entier a été stoppée momentanément mardi, lorsque la Chine a annoncé que son pib avait progressé de 6,8 % au cours du quatrième trimestre 2015. C’était en droite ligne avec les attentes, et les marchés mondiaux ont répondu positivement à cette nouvelle.
Il y a juste un gros problème. Tout le monde sait que les chiffres du PIB provenant de la Chine n’ont absolument aucun sens. Si vous croyez que l’économie chinoise a en fait augmenté à un rythme de 6,8 % au cours du quatrième trimestre de 2015, alors je peux vous faire avaler n’importe quoi. Quasiment tous les chiffres provenant de la Chine au cours des derniers mois, nous expliquent que l’économie chinoise est en baisse, et que ce chiffre de 6,8 % de croissance est extrêmement douteux.
A votre avis, quand est-ce que ce pays communiste a admis avoir subit pour la dernière fois une récession ?
Et bien, c’était en 1976. Ca fait presque 40 ans…
Au cours des quatre dernières décennies, les chiffres de la croissance économique étaient devenus une source de grande fierté nationale pour la Chine. Admettre maintenant que l’économie est en train d’imploser, déshonorerait le gouvernement chinois comme la nation dans son ensemble, et ceci doit être évité à tout prix.
Oui, les chiffres sont manipulés aussi aux États-Unis. Selon John Williams, de shadowstats.com, si les Etats-Unis publiaient des chiffres honnêtes, la dernière récession serait toujours techniquement en cours.
Mais en Chine, ils utilisent ces mêmes méthodes mais de manière ridicule. L’économie chinoise repose sur les exportations, et les exportations chinoises ont baissé 6 mois d’affilée par rapport à l’année précédente. Et la raison principale pour laquelle les prix des matières premières s’effondrent complètement est liée à la contraction de l’économie en Chine.
Bien sûr, si la Chine avait publié un chiffre honnête du Pib, les marchés financiers mondiaux se seraient complètement effondrés. Donc, leurs mensonges arrange artificiellement la sombre réalité et fait que tout le monde se sent un peu mieux, pour le moment, et toutes les journées de stabilité relative dont nous pouvons encore profiter sont bonnes à prendre.
Alors que vous lisez cet article, les marchés financiers dans toute l’Asie, l’Europe, l’Amérique du Sud et au Moyen-Orient sont déjà en tendance baissière. Le marché brésilien a perdu plus de 30 % comme à Hong Kong, en Chine et en Italie, ils ont perdu plus de 40 %, et en Arabie Saoudite, les marchés ont baissé de plus de 50 %.
Nous subissons déjà une crise financière mondiale majeure.
Quelles seront les répercutions de cette situation désastreuse ?
Espérons que nous ayons encore des jours comme celui-ci avec un calme relatif. Mais je ne crois pas que les choses vont s’arranger de façon significative et rapidement car les fondamentaux économiques nous montrent que de grandes difficultés se profilent.
Source: theeconomiccollapse