Alors que l’Europe se débat dans la crise des migrants, qui est en réalité une crise mondiale, et non celle de l’Europe, l’histoire derrière l’histoire est celle de la croissance anémique du monde occidental. La partie immergée de l’iceberg révèle des faiblesses économiques profondes, qui suscitent des guerres et de violents remous à la surface.
Sept ans après la crise de 2008, l’économie américaine est dans l’impasse. La Réserve fédérale (Fed) ne peut ni relever les taux, ni les laisser à zéro. Elle s’enlise, alors que ses remèdes de 2009 ont toujours porté en eux la prochaine crise. Depuis 2009, la création de 4500 milliards de nouveaux dollars par la Fed pour acheter des titres américains et sauver le système financier mène à une voie sans issue.
La croissance n’est pas au rendez-vous. Alors qu’en 1950, une maison neuve aux Etats-Unis coûtait le double du salaire annuel d’un Américain moyen, elle coûte aujourd’hui le décuple. Comment s’étonner que le taux de propriété soit au plus bas depuis 1967 ? Et malgré les 5,1% de taux de chômage annoncés en août, le taux de participation de la population active est tombé à son plus bas niveau depuis 1976. D’autres chiffres (nombre d’embauches, commandes d’usines) sont indicatifs de faiblesse économique.
Exactement comme en 2002-2007, les liquidités qui ont soulevé l’immobilier et les marchés financiers ont créé une forte inflation, qu’il faut observer dans les prix des actifs. L’inflation boursière s’est traduite par des hausses phénoménales des prix des actions, possibles uniquement grâce au taux zéro. Et comme le dollar baissait en même temps, une action Boeing a gagné 253% en dollars depuis 2009, mais seulement 158% en francs suisses.