« C’est mon jour, je pars de bonne heure. » « C’est ton jour ? Prends-moi du sucre, s’il y en a. » Un jour par semaine, en fonction du dernier numéro de leur carte d’identité, les Vénézuéliens ont le droit d’acheter des produits de base, à prix régulés. Le mécanisme n’a pour autant pas mis fin aux interminables queues devant et dans les supermarchés. A la caisse, une machine qui capte les empreintes digitales contrôle leurs achats.
« Non, Monsieur, vous avez acheté deux bouteilles d’huile la semaine dernière, vous ne pouvez pas en prendre aujourd’hui », explique la caissière. « C’est une humiliation nationale », rétorque le client, Marco. Cet ingénieur à la retraite qui a connu l’époque où les richesses pétrolières du pays faisaient l’envie de ses voisins préfère taire son nom de famille. « La classe moyenne allait faire son shopping le week-end à Miami. L’Amérique latine nous avait surnommés le Venezuela saoudite. Maintenant, notre pays fait pitié », se désole-t-il.
Dans son rapport sur les prévisions mondiales diffusé le 6 octobre, le FMI ne laisse guère d’espoir d’un retournement rapide. En 2015, le produit intérieur brut vénézuélien devrait s’effondrer de 10 % cette année, et de 6 % en 2016. La contraction avait déjà été de 4 % l’an dernier…
La valse des étiquettes est telle que la Banque centrale ne publie plus le chiffre de l’inflation depuis le début de l’année
Dans ces conditions, Marco espère bien que l’opposition remportera les élections législatives du 6 décembre. Mais il ne se fait pas d’illusions….