L’une des choses fascinantes au sujet de cette dernière crise financière mondiale est qu’il n’y a pas de facteur unique. Contrairement à 2008, où le carnage avait été déclenché par la crise des subprimes, ou avec la bulle internet en 2000 lorsque les actions survalorisées de « start-up » s ‘étaient effondrées en envoyant le reste du marché au tapis, cette fois-ci tout un tas de facteurs apparemment sans lien sont en train d’éclater en même temps:
La frénésie de mauvais investissements en Chine a provoqué la chute des matières premières. Les marchés émergents se sont effondrés du fait d’un dollar surévalué (plus récemment, cela a même forcé la Chine à dévaluer le yuan). Nous assistons à une montée en escalade de la guerre panislamique. Les actions qui sont plus que surévaluées sont entrées en phase de correction. Les systèmes politiques des pays développés sont en train de vaciller du fait que les électeurs perdent confiance dans les partis traditionnels à réduire les inégalités, à limiter le pouvoir des entreprises, à défense les droits, à lutter contre l’immigration, enfin ces partis sont quasiment en échec à tous les plans. On peut illustrer le dernier problème en examinant la curieuse réponse faîte par l’Allemagne au sujet de cette horde d’hommes qui s’était matérialisée soudainement et avait commencé à molester violemment les femmes: le maire de Cologne a donné de curieux conseils pour éviter les viols en expliquant par exemple aux femmes qu’il y a toujours la possibilité de garder une certaine distance, qui est plus grande que la longueur d’un bras.
Pourquoi est-il si important de se pencher sur les causes cette-fois ci ? Parce que là où les crises précédentes avaient été résolues avec une politique monétaire accommodante, il n’est pas évident qu’on puisse résoudre une multitude de problèmes comme ceux auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui en utilisant la même méthode. Les taux d’intérêt, par exemple, selon les standards actuels étaient élevés lorsque les crises précédentes avaient éclaté, ce qui donnait des marges de manœuvre aux banques centrales pour calmer les marchés financiers en abaissant les taux d’intérêt. Or aujourd’hui, Les taux d’intérêt sont proches de zéro un peu partout voire négatifs dans certains cas. Abaisser à nouveau les taux serait une expérimentation hasardeuse et c’est le moins qu’on puisse dire. L’issue en serait incertaine et des conséquences involontaires seraient probables comme des faillites bancaires en cascade vidant les banques de leurs dépôts et augmentant fortement les inégalités en terme de richesse alors que les taux d’intérêt négatifs continueront de soutenir les prix des actifs des gens déjà riches tout en réduisant les revenus des épargnants et des retraités.
Et avec une dette mondiale supplémentaire de 57.000 milliards de dollars à ce qu’elle était en 2008, il n’est pas du tout évident qu’une nouvelle phase d’endettement sera accueillie avec enthousiasme par les marchés obligataires mondiaux, par les cambistes( opérateurs intervenant sur les devises) ou par les entrepreneurs. Voici le désormais célèbre tableau de McKinsey:
Une politique plus accommodante n’aura aucun effet sur le déséquilibre entre l’offre et la demande sur le marché du pétrole, dont les stocks ne cessent de croître. On peut s’attendre à une forte baisse des prix dans l’année à venir, conduisant à une vague de défauts de paiement sur des milliers de milliards de dollars d’obligations à haut risque et sur des produits dérivés liés au secteur de l’énergie.
Au sujet du prix des actions, lors des deux crises précédentes, les actions avaient plongé du jour au lendemain à des niveaux qui étaient devenus attractifs pour ceux qui avaient anticipé la chute. Aujourd’hui, pratiquement tous les principaux indices sont littéralement surévalués par rapport aux normes historiques, de sorte qu’un effondrement risque d’arriver – ce qui aggravera les problèmes actuels.
La conséquence de tout cela ? C’est que ce sera vraiment différent cette fois, et cela n’ira pas forcément dans la bonne direction. Et les problèmes sont en train d’apparaître pour des millions de spéculateurs avec effet de levier, pour des fonds communs de placement, des gérants de fonds de pension, pour les investisseurs individuels et les banquiers centraux. Actuellement, la quasi-totalité d’entre eux sont en train de surveiller leurs écrans, le doigt sur la touche « vente », hésitant, scrutant en même temps les écrans Bloomberg pour essayer de voir combien ils ont perdu ces derniers jours tout en appelant les analystes qui l’an dernier les conseillaient de se gaver d’actions Apple et Facebook sans pour autant obtenir des réponses à leurs questions, et tout en étant à nouveau prêt à appuyer sur la touche vente etc….. ils sont bourrés de troubles obsessionnels compulsifs.
Qu’est-ce qui va se passe ensuite ? A un moment donné – maintenant , la semaine prochaine ou le mois prochain, mais probablement très bientôt – le bouchon va péter. Tout le monde se mettra à « vendre » et ils découvriront tous au même moment que ces marchés liquides qu’ils avaient connu n’existent plus et que les prix d’hier n’ont plus aucun sens et qu’ils étaient complètement fantaisistes. La nuit dernière en Chine, lorsque les marchés ont été suspendus pendant 15 minutes – le monde entier un jour sera pris au piège en restant coincé sur des niveaux crées artificiellement par des liquidités apportés par l’omniprésence des banques centrales et où les obligations souveraines étaient sans risque et le titre Amazon était sur le point d’atteindre les 2000 dollars.
Et c’est alors qu’une pensée leur traversera l’esprit: Pourquoi n’ai-je pas investi dans l’or lorsque j’en avais encore le temps ?
Source: safehaven.com