Standard & Poor’s a placé sous surveillance négative les notes de crédit de Casino, menaçant de faire passer la dette du groupe de distribution dans la catégorie des obligations spéculatives pour cause de forte dégradation des résultats du groupe au Brésil et d’endettement élevé.
Alors que l’agence de notation avait confirmé il y a un mois la note de solidité financière du distributeur après l’annonce de son plan de désendettement, elle revient sur son appréciation malgré de nouvelles cessions d’actifs annoncées par le groupe.
S&P, qui se donne 90 jours pour évaluer l’évolution des résultats et de la situation financière de Casino, indique qu’elle pourrait abaisser sa note à long terme de deux crans au maximum.
Abaissée d’un cran seulement, la dette de long terme aujourd’hui notée BBB- basculerait dans la catégorie des dettes à haut risque (junk bonds) qui ne peuvent être détenues par les grands investisseurs institutionnels.
Interrogé, Casino s’est refusé à tout commentaire.
« Malgré l’engagement du groupe à céder des actifs pour réduire la dette de Casino, la rentabilité va continuer d’être assez faible pendant une période prolongée et le niveau de dette trop élevé », souligne S&P dans un communiqué.
L’agence va aussi réexaminer l’impact de la structure de détention de Casino par Rallye, maison-mère endettée, qui réduit encore sa flexibilité financière du groupe compte-tenu des besoins de remontée de dividendes nécessaires au service de la dette de Rallye.
Elle estime aussi que son appréciation du profil de crédit de l’ensemble du groupe est mise sous une « pression substantielle » par la dégradation de la valorisation de Rallye, dont la valeur des actifs est maintenant inférieure à la valeur des dettes du fait de la chute du cours de Bourse de Casino.
« Complexité financière »
L’avertissement de S&P intervient après les attaques du fonds américain Muddy Waters jugeant le groupe « dangereusement endetté » et estimant que son ingénierie financière complexe masquait une forte détérioration de ses activités.
Mis sous pression par une chute de plus de 40% de son cours de Bourse en 2015, liée à la baisse de ses performances au Brésil et en France, Casino a dévoilé en décembre un plan de désendettement de 2,0 milliards d’euros, le deuxième en six mois avant, avant de réviser une nouvelle fois à la baisse ses prévisions de résultats 2015.
Le Brésil compte pour près de 40% du chiffre d’affaires et du résultat opérationnel du groupe.
Contre toute attente, il a ensuite annoncé la cession de sa très rentable filiale Big C – alors qu’il prévoyait il y a seulement un mois de faire entrer des investisseurs minoritaires dans ses galeries commerciales – afin de porter son plan de désendettement de 2,0 à 4,0 milliards d’euros.
S&P juge « positives » les décisions prises en matière de désendettement mais estime que « les bénéfices d’une reprise modérée en France et ceux des cessions d’actifs pourraient être « sensiblement dilués par une faiblesse profonde et durable des résultats au Brésil, aggravés par la baisse des devises ».
Aussi, Casino pourrait ne pas pouvoir améliorer sensiblement son ratio d’endettement en 2016, contrairement à ce que S&P attendait auparavant.
« Nous pensons possible que Casino dégage un ratio ajusté de dette sur Ebitda supérieur à 4 à la fin 2015 », relève S&P pour qui une complexité financière « supérieure à la moyenne » pèse sur le profit de crédit du groupe.
A la fin 2014, la dette nette de Casino totalisait 5,8 milliards d’euros et celle de Rallye 2,4 milliards.
Source: boursorama