Alors que le Salon de l’Agriculture a vu défiler 47 délégations de personnalités politiques (membres du gouvernement ou de l’opposition) pendant neuf jours, il a attiré moins de visiteurs que l’an dernier. Les organisateurs attendaient 700.000 visiteurs, 611.000 personnes sont venues arpenter les allées de la plus grande ferme de France cette année. Ils étaient 691.000 en 2015 et 703.000 en 2014. Le pic de fréquentation a été enregistré samedi 5 mars, avec près de 90.000 visiteurs en une journée.
Le président du salon Jean-Luc Poulain évoque plusieurs raisons pour expliquer cette baisse du nombre de visiteurs : « les attentats du 13 novembre, la crise agricole et la crise économique ». Ainsi le Salon a par exemple reçu beaucoup moins de bus de visiteurs, affrétés depuis des zones rurales situées entre 200 et 500 km autour de Paris, a-t-il indiqué. Pour répondre aux consignes de sécurité, les organisateurs ont notamment embauché 50% de vigiles en plus, passant ainsi à 450 gardes privés.
Comme chaque année, l’édition 2016 a été l’occasion de récompenser l’excellence agricole. Le Concours général agricole a décoré cette année 4.041 vins, et 1.353 produits alimentaires (fromages, laitages, huiles, charcuterie, confitures, huîtres, etc.). Mais ce salon a aussi servi de vitrine à la colère des agriculteurs.
On retiendra notamment l’accueil réservé à François Hollande, qui s’est fait huer et insulter lors de sa visite le jour de l’inauguration. « Il s’en fout complètement de nous », « Bon à rien », « On n’est pas des migrants », « Connard », « Fumier »: ces éleveurs n’avaient pas mâché leurs mots, exprimant le désespoir d’une profession au bord du gouffre. Puis, des dizaines de manifestants de la FNSEA avaient démonté le stand du ministère de l’Agriculture et protesté à grands coups de sifflet, poussant les CRS à intervenir. Le chef de l’État avait quitté le salon après environ six heures de visite, soit la plus courte depuis le début de son quinquennat.
Deux jours plus tard, les éleveurs ont réservé un accueil tendu, mais sans violence à Manuel Valls. Le Premier ministre a reçu les représentants des filières d’élevage et cherché à les rassurer. C’est également ce qu’a voulu faire le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan – dont Marine Le Pen a dit « vouloir la peau » – qui a fait mercredi une visite discrète au Salon, sans déambuler dans les allées mais en prenant part à une réunion avec le ministre Stéphane Le Foll et les représentants de l’élevage français.
« Ce Salon a été exceptionnel en termes d’échanges et de capacité d’écoute entre les visiteurs, les hommes politiques et les agriculteurs », a remarqué Jean-Luc Poulain, qui a noté que les personnalités politiques avaient plusieurs fois eu des échanges d’une demi-heure avec les agriculteurs « contre 5 minutes d’habitude ». « Il n’est pas question que le Salon se transforme une nouvelle fois en concours de beauté politique », avait prévenu la FNSEA, premier syndicat agricole français, avant l’ouverture du salon. Il avait demandé à tous les élus venus caresser les animaux de répondre à un « questionnaire précis » sur les préoccupations du monde paysan. Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll avait également demandé aux membres du gouvernement de ne pas passer au salon dans le seul but d’attirer les caméras. « J’ai fait passer le message à tous ceux qui voudront venir au gouvernement : ce sera un Salon où il faudra respecter d’abord les agriculteurs », avait indiqué le ministre la veille de l’ouverture du Salon.
Source: boursorama