Ce vieux rêve d’alchimiste de transformation d’un banal métal en or a été réalisé par l’ancien « DirCom » de la Société Générale aux heures les plus sombres de son histoire.
Hugues Le Bret a quitté son poste pour publier un livre sur l’affaire Kerviel vue de l’intérieur.
Puis, en 2010, il a créé avec Ryad Boulanouard le Compte-Nickel.
Le Compte-Nickel vient d’être cédé pour plus de 200 M€ à BNP Paribas (des rumeurs font état de 220 M€ à 250 M€). Les premiers actionnaires avaient mis 39 M€ au pot*.
A l’origine, le Compte-Nickel se voulait une banque pour « sans dents ». Vendu au zinc des cafés-tabac, le Compte-Nickel offre des services bancaires minimaux : tenue de compte, carte de retrait, zéro déficit, pas de prêts. Succès foudroyant avec plus de 4 000 comptes ouverts le premier mois.
Les « sans-dents » ont rapidement été rejoints par des jeunes, des artisans, et finalement des gens plus aisés qui y voient un moyen économique de ne pas laisser traîner leurs liquidités dans des banques « trop grosses pour faire faillite ». Nous nous sommes d’ailleurs intéressés aux avantages de cette solution de « débancarisation ».
Mais aujourd’hui, c’est sur la bonne fortune des investisseurs de la première heure que je voudrais m’étendre.
Calculez rapidement : 39 M€ se sont convertis en plus de 200 M€, soit une mise multipliée par cinq. L’actionnaire de la première heure qui a mis 1 000 € au pot sort sept ans plus tard avec 5 000 €. Sans être passé par la case bourse, sans que son pécule soit mis en concurrence avec les 80 Mds€ que Mario Draghi met tous les mois sur les tables du grand casino financier.
Par ailleurs, sur ce même casino pollué par des joueurs qui ont accès à des jetons gratuits, le choix se restreint et les bénéfices échappent aux non professionnels.
Selon Le Monde :
« Le nombre d’entreprises cotées à Wall Street a diminué de moitié en 20 ans, révèle Le Temps. Elles étaient 4 796 en 1976, puis 7 322 en 1996 et plus que 3 671 l’an dernier . (…)
Mais si leur nombre diminue, la capitalisation boursière a été multipliée par six depuis 1976, pour atteindre 25 303 Mds$. Et Wall Street représente plus de la moitié de la capitalisation boursière mondiale. Cependant, de plus en plus, les petits investisseurs restent à l’écart des meilleures opportunités. Les transactions les plus importantes se font avant l’entrée en Bourse, note Le Temps, se référant à une enquête du Wall Street Journal. »
C’est effectivement avant l’entrée en bourse que les actionnaires de la première heure recueillent les fruits de leur audace et de leur patience. Et les plus-values sont supérieures à celles qu’on peut espérer une fois l’introduction faite.
Les indices viennent d’atteindre un niveau jamais observé depuis les bulles de 1929, 2000 et 2007.
Tout le monde s’accorde à dire que les valorisations boursières ne sont pas soutenables et qu’un énorme crash arrive
Ce marché dit du private equity s’est récemment ouvert et démocratisé avec l’apparition des sites de financement participatif qui mettent en ligne des entrepreneurs en quête de financement. Plus besoin d’être un business angel fortuné ou un gérant de fonds aux poches profondes pour accéder à ces opportunités.
Evidemment pour que ce succès se concrétise, il faut que l’entrepreneur soit ouvert à une « sortie », c’est-à-dire à vendre ou à se coter en bourse. C’est un critère de sélection très important à nos yeux.
Le Figaro :
« Parce que certains actionnaires de la néobanque (dont le fonds Partech avec 5%) bénéficiaient d’une clause de liquidité qui prévoyait leur sortie en capital, Hugues Le Bret (…) avait aussi reçu des marques d’intérêt de la part des grandes banques européennes ou de fonds d’investissement. »
Un bon projet, un entrepreneur attentif à ses actionnaires et prêt à prévoir une clause de liquidité, voilà la bonne alchimie.
*Le Figaro du 5 avril
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Source: la-chronique-agora
Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.
Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), « Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous faire confiance à votre banque ? » (2014) et « La fabrique de pauvres » (2015) aux Éditions Ixelles.
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