La hausse des prix de l’immobilier est, pour une bonne part, due au dirigisme. Paradoxalement, elle nourrit une hostilité à l’économie de marché.
En 1960, les Français consacraient en moyenne 10% de leurs revenus à leur domicile. Cette part s’élève aujourd’hui à 18% avant impôts, tous statuts confondus(1).
Selon l’INSEE, les ménages modestes ont vu leurs dépenses d’habitation progresser de plus de 50% ces 15 dernières années (2).
A la lecture de ces chiffres, on peut se demander, comme le fait d’ailleurs l’économiste Patrick Arthus pour le compte de Natixis, si les dysfonctionnements du marché de l’immobilier ne seraient pas à l’origine du sentiment d’appauvrissement des Français, et ceci en dépit de l’amélioration du niveau de vie global ces dernières décennies (3).
Ce sentiment est renforcé par notre tendance à nous concentrer beaucoup plus sur ce qui coûte le plus cher et à négliger les secteurs porteurs de gains en pouvoir d’achat. Le logement constituant un besoin fondamental, le sentiment d’appauvrissement est renforcé.
Cette tendance ne se limite pas à la France. L’American Enterprise Institute, un think tank conservateur basé à Washington, a comparé l’évolution des prix entre plusieurs secteurs aux Etats-Unis. Surprise : le logement fait aussi partie des postes de dépenses qui ont explosé.
La difficulté des ménages à trouver un logement abordable n’est pas seulement un problème pour le niveau de vie. Elle a également un véritable effet sur le plan politique en conditionnant notre perception du système économique. Comme l’explique Kristian Niemietz, chercheur à l’Institute of Economic Affairs basé à Londres :
« Le marché du logement n’est pas n’importe quel marché. Les loyers et les remboursements des prêts immobiliers constituent le principal poste budgétaire pour la plupart des gens. Un marché du logement dysfonctionnel affecte gravement nos niveaux de vie, il a la possibilité d’annuler tous les avantages obtenus dans d’autres secteurs de l’économie. Et il a un plus grand impact que les autres secteurs sur la question de savoir si le ‘système’ est de notre côté ou non ».
Avec le marché de l’emploi, le marché du logement est celui qui cristallise les ressentiments anti-capitalistes. Il constitue un nouveau front pour la lutte des classes, en mettant en scène de vils propriétaires disposant d’un pouvoir souverain sur de pauvres locataires dépourvus de capital immobilier.
La cherté du logement qui étrangle les ménages est imputée à la « spéculation immobilière », ce qui alimente la défiance vis-à-vis de l’économie de marché et augmente la demande en faveur d’une plus grande intervention des pouvoirs publics (logements sociaux, contrôle des loyers etc.).
Au Royaume-Uni, par exemple, le parti travailliste capitalise sur la flambée des prix du logement et ses répercussions sur les populations pour étendre le contrôle du gouvernement sur la société : logements sociaux, contrôle des loyers…
Source Wikiberal
Pourtant, l’explosion des prix dans l’immobilier a des causes réglementaires avant toute chose.
Dans la quasi-totalité des pays occidentaux, le développement de l’urbanisme est strictement encadré par des restrictions foncières mises en oeuvre dans le cadre d’une politique de planification des sols. La planification des sols permet à une poignée de bureaucrates de limiter la quantité de zones constructibles et les possibilités de surélévation, ce qui raréfie logiquement l’offre immobilière en gonflant artificiellement les prix.
Les motivations officielles font appel à des impératifs esthétiques et de spécialisation pour favoriser la « bonne » articulation des activités résidentielles, commerciales, industrielles etc.
Faut-il craindre un krach immobilier en 2018 ? Greyerz: Les prix dans l’immobilier vont s’effondrer de 75% voire jusqu’à 90% d’ici quelques années
Outre le fait qu’aucun bureaucrate n’est capable de déceler la « bonne » articulation (notion subjective), la théorie des choix publics – qui analyse le comportement, les intérêts et les incitations des parties prenantes à la décision publique – suggère au contraire des motivations clientélistes. La planification des sols servirait surtout à acheter les faveurs des promoteurs et propriétaires immobiliers installés et qui n’ont pas intérêt à favoriser l’abondance de l’offre immobilière sous peine de dégrader la valeur de leur patrimoine.
A l’image des corporations de métier, la réglementation crée donc des rentes sur lesquelles il sera difficile de revenir, au détriment d’un marché accessible au plus grand nombre.
Pour plus d’informations de ce genre, c’est ici et c’est gratuit
1- Claire Lévy-Vroelant, Une torpille contre l’habitat social, Le Monde diplomatique, Novembre 2017 2- Les conditions de logement en France, édition 2017″, Insee, 2017 3- D’où vient le sentiment d’appauvrissement des salariés en France ?, Natixis, Flash Economie
Source: la-chronique-agora
Ferghane Azihari est étudiant en droit et science politique. Membre des réseaux Students for Liberty en Europe et Young Voices, il collabore parallèlement pour divers médias et centres de recherche comme l’École de la liberté, Contrepoints, Les Publications Agora ainsi que le Mises Institute aux États-Unis. Ses centres d’intérêt se portent principalement sur les relations internationales, les politiques européennes et plus généralement sur les rapports qu’entretiennent les politiques publiques et la concurrence
Non mais… Deux commentaires de supprimé ! alors qu’il n’y avait rien de délictueux dedans.
Çe n’est pas bientôt fini ?
Es‑ce que je pourrais savoir ce qui posaient problème dedans ? Opinion pas assez à droite ?
En premier lieu, merci de ne pas supprimer ce commentaire comme le précédent qui ne contient pas de propos délictueux et donc ne menace pas la responsabilité d’éditeur de ce site.
« En 1960, les Français consacraient en moyenne 10% de leurs revenus à leur domicile. Cette part s’élève aujourd’hui à 18% avant impôts, tous statuts confondus(1). »
À cette époque la France était moins urbaine, donc les logement moins concentré.
Et pour avoir l’eau courante, on creusait un puis dans le jardin (l’un de mes arrière grand père n’a jamais compris comment des gens pouvait payer l’eau)
« Dans la quasi-totalité des pays occidentaux, le développement de l’urbanisme est strictement encadré par des restrictions foncières mises en oeuvre dans le cadre d’une politique de planification des sols. La planification des sols permet à une poignée de bureaucrates de limiter la quantité de zones constructibles et les possibilités de surélévation, »
Ça c’est valable en zone rurale… Mais pour le reste comment faire ? Démolir les bâtiments publique ? Déplacer la gare en dehors du centre ville vers la banlieue ?
Parce qu’un à moment, c’est bien gentil mais l’éloignement compense la baisse des loyers. surtout si la bagnole est la seul solution de transport pour rejoindre son bureau. Et après on finit par faire le plein tout les mois et l’embrayage s’use très vite.
« ce qui raréfie logiquement l’offre immobilière en gonflant artificiellement les prix. »
Bien dit ! Le marché du logement n’obéi pas pleinement à la logique libérale classique car la demande en nombre de logement est inélastique (je ne parle pas de la demande en m²).
Normalement, si la demande excède l’offre les acheteurs refusent l’utilisation plutôt que de comprimer d’autres budget ce qui a pour conséquence de diminuer la demande. Mais dans le cadre du logement, ça revient à être volontairement à la rue ! (normalement on va à la rue par expulsion et non par souci d’économie)
Donc les gens comprimes les autres budgets au maximum. Renonce à l’électricité si il le faut voir s’endette. Bref la logique normal est que la demande varie en fonction de ce que les acheteurs sont susceptibles de vouloir payer, mais pour les plus modeste la variation ce fait autour de ce qu’ils peuvent (et non pas veulent) payer !
Bref un exemple de bien inélastique. https://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_de_Giffen
Le premier poste de charges pour tous, ce sont les charges fiscales et sociales. Même dans les prix immobiliers, les charges étatiques sont massives, de l’ordre de 50% du prix final.
Le collectivisme et l’étatisme faussent les circuits économiques, tant les prix que les quantités, dans ce dernier cas notamment en créant la pénurie par défaut d’offre (découragée) ou défaut de demande (désolvabilisée).
Alors, pour dissimuler leurs forfaits, les hommes de l’Etat ou ceux qui veulent toujours plus d’Etat désignent des boucs émissaires, les étrangers, les banquiers, les propriétaires, les riches, telle ou telle ethnie désignée à la vindicte populaire selon les époques.
Une faute appelant une autre faute, non content d’être un vol commis en bande organisée, le collectivisme et l’étatisme sont aussi des mensonges permanents.
garfula , pour moi tu es completement mais alors completement á cote de la plaque…la faute de l etat? en ne liberant pas assez de terrains constructibles d accord
mais pour le reste c est le marche ultraliberal sans regle qui genere tant d exces.. demande un peu aux anglais et americains des grandes metropoles.. faut un peu sortir de son dogmatisme anti etat tout en etant pas pour une economie totalement administree mais pour le moins regulee..
Ce serait merveilleux si la régulation pouvait être autre chose qu’un fantasme. Il n’existe que des intérêts en concurrence et les prétendus régulateurs ne font que satisfaire ceux qui les arrangent au détriment du plus grand nombre.
《 Dans la quasi-totalité des pays occidentaux, le développement de l’urbanisme est strictement encadré par des restrictions foncières mises en oeuvre dans le cadre d’une politique de planification des sols. La planification des sols permet à une poignée de bureaucrates de limiter la quantité de zones constructibles et les possibilités de surélévation, ce qui raréfie logiquement l’offre immobilière en gonflant artificiellement les prix. 》
Encore un commentaire déconnecté de la réalité de la part d une personne qui ne sait pas se que ça fait sur le budget essence et embrayage d habiter à 17km de son travail (et encore c est largement en dessous de la moyenne nationale). (Je parle de devoir faire le plein presque tous les moi ce qui coûtait cher en 2010)
Il y a un moment ou le prix de l éloignement compense la baisse du loyer.
《 En 1960, les Français consacraient en moyenne 10% de leurs revenus à leur domicile. Cette part s’élève aujourd’hui à 18% avant impôts, tous statuts confondus(1). 》 (aujourd hui l objectif d une commune est d attirer le plus d activité possible quelques soit sa taille et ce jeux les métropoles sont les plus forte ce qui accentue la concentration)
Époque où le besoin de concentration urbaine était moins forte et la population plus rurale.
Et il y a une deuxième chose qui casse la logique de marché. Normalement la logique de marché suppose que les acteurs aillent jusqu à refuser l utilisation d un produit si le prix de ce dernier impacte trop les autres budgets et que la réduction de la qualité ne suffit plus.
Hors dans le cadre du logement ça revient à être volontairement SDF! (on ne quitte pas volontairement son logement pour la rue mais on attend l expulsion)
Donc si le marché du logement devient trop cher, plutôt que d être SDF, les gens compriment au maximum leur autres budgets, (renonçant par exemple au dépense de santé) empreinte si il le faut, mais ne refusé pas la surenchère. Donc dans cette situation, si la demande excède l offre, le mécanisme naturelle sensé faire en sorte que la demande diminue ne fonctionne pas (les prix n ont que d effet que sur la quantité de mètre carré pas le nombre de logement).
Et ce genre de truc, ça a un nom qui est connu: ça s appelle un bien inélastique https://fr.wikipedia.org/wiki/Bien_de_Giffen.