La politique du « en même temps » conduit ce gouvernement à privatiser tout en conservant ses prétentions d’Etat stratège.
Ca y est ! Le gouvernement fait son coming-out ultra-néo-libéral ; les incisives sanglantes, le regard cruel et bleu acier, le loup Bruno Le Maire a déclaré « l’Etat n’a pas vocation à diriger des entreprises concurrentielles ».
Dans un pays où l’Etat contrôle plus ou moins directement 57% de l’économie, avouez que c’est un choc.
Seront donc privatisés Aéroport de Paris (ADP), la Française des Jeux (FDJ) et Engie (un avatar de GDF), l’Etat se séparant d’un paquet d’actions dans ce dernier cas.
Le gouvernement espère – c’est sa nouvelle marotte – que les investisseurs particuliers souscriront massivement à cette émission d’action pour « redynamiser l’actionnariat populaire ».
Il faut dire que l’actionnariat populaire fond comme neige au soleil ; de sept millions avant 2007, les particuliers sont passés à 3,5 millions. Les cinq millions d’entre eux qui avaient investi dans l’action EDF en 2007 n’ont pas dû être convaincus des bienfaits d’être actionnaire d’une entreprise « privatisée ».
Idem pour les sept millions de déçus avec les PTT devenus Orange – qui se traîne à un cours encore inférieur à 50%à celui de son introduction.
Dans le cas d’Engie, les germes d’une future catastrophe pour l’actionnaire à la mémoire défaillante qui se laisserait tenter sont déjà là, si l’on en croit Le Parisien :« L’Etat […] a annoncé la vente de 99,9 millions d’actions d’Engie, soit 4,1% sur les 28,65% de parts que l’Etat possède dans le géant de l’énergie. […] L’Etat reste, malgré cette vente, le premier actionnaire. Il conserve aussi sa minorité de blocage pour les grandes décisions stratégiques ainsi que sa ‘golden share’, c’est-à-dire son droit de veto sur la vente d’infrastructures ou de gisements essentiels à la sécurité énergétique de la France. »Engie a d’ailleurs déjà perdu 40% de sa valeur depuis juillet 2005. 4,1% de « moins d’Etat » ne changeront pas la stratégie de l’entreprise.
Ne soyons toutefois pas grincheux, les privatisations sont une bonne chose. Cependant, la présence de l’Etat comme actionnaire même minoritaire est un risque pour l’investisseur. La concurrence, pour être efficace, doit s’exercer pleinement. La liberté de gestion doit être totale et la faillite acceptable.
Le retour de la maladie interventionniste
Que va faire l’Etat de l’argent ? Réduire la dette ? Vous n’y pensez pas…
Nos gouvernants étatistes ont, hélas, déjà des idées de dépenses : il faut un Etat stratège « un Etat capable d’inventer et construire l’avenir des Français », nous dit Bruno Le Maire.
Avez-vous vraiment envie de confier l’invention et la construction de votre avenir à l’Etat ? Quelles sont les véritables innovations dont peut se prévaloir l’Etat français ? Internet, la téléphonie mobile, la technologie blockchain, la fusion de l’atome ?
Charles Sannat: “Privatisations, piège à cons ! Française des jeux, ADP et Engie, tout doit disparaître !” France: le nouveau gouvernement va accélérer la vente des bijoux de famille
On nous annonce une nouvelle gabegie dans ces fameux « investissements d’avenir » dont la caractéristique principale est de ne pas en avoir. Pour quelques très modestes succès, que de coûteux échecs ! Qui se souvient encore des 1 000 km de routes couvertes de panneaux solaires, idée lumineuse de Ségolène Royal…
Bien choisir ses investissements d’avenir, loin de l’Etat
La vie de l’investisseur particulier devient très compliquée. Nous sommes en sommet de cycle après 10 ans de hausse des actifs financiers et de l’immobilier, sous l’effet des tricheries monétaires des banquiers centraux.
Une des règles fondamentales consiste à acheter pas cher pour espérer revendre plus cher… mais les opportunités se font très rares puisque tout est trop cher.Ceux qui pratiquent les méthodes « d’investissement par la valeur » ont de plus en plus de mal à donner un prix à la valeur, d’autant plus que les « actifs incorporels » (brevets, marques, images…) ont gagné en importance dans une économie de moins en moins industrielle et basée sur des actifs corporels (usines, bâtiments, stocks…).Il existe cependant quelques règles simples qui permettent de minimiser vos risques.
Choisissez des entreprises :
- opérant sur un marché réellement concurrentiel,
- éloignées des interférences de l’Etat,
- dont vous comprenez le métier,
- qui ont des clients, du chiffre d’affaires et des marges robustes, le tout en nombre croissant,
- dont le prix n’est pas excessif en valeur absolue et non pas en comparaison avec autre chose. Pour cela, il vaut mieux éviter les grandes entreprises têtes d’indice, recherchées par les gérants de grands fonds et excessivement valorisées.
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Source: la-chronique-agora
Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.
Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), « Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous faire confiance à votre banque ? » (2014) et « La fabrique de pauvres » (2015) aux Éditions Ixelles.
Simone, où voulez-vous en venir? Je croyais que les ultra-néo-libéraux ne voulaient plus d’Etat? C’est exactement le contraire du discours de BLM qui souhaite rétablir l’Etat dans ses fonctions régaliennes. Il y a du gaullisme là-dedans.
virons ces rapaces
Quelles sont les véritables innovations dont peut se prévaloir l’Etat français ?
Le bon vieux Minitel « tout le monde nous l’a envié, personne ne nous l’a acheté ».
Il y a 24 ans, pour sauver le Minitel, l’État disait qu’Internet n’avait aucun avenir, voir le rapport Théry de 1994 intitulé « Les autoroutes de l’information », il fut écrit par Gérard Théry, Alain Bonnafé, Michel Guieysse et adressé au Premier Ministre de l’époque, Edouard Balladur. La lecture de ce rapport, presque 24 ans après, est fort instructive Elle révèle comment trois technocrates français parmi les plus compétents (Théry est polytechnicien et ingénieur des télécoms) voyaient l’avenir des autoroutes de l’information et le rôle qu’Internet allait y jouer. En substance, l’existence de ce dernier est reconnue, mais il est rapidement écarté. On lit en effet: « son mode de fonctionnement coopératif n’est pas conçu pour offrir des services commerciaux. Sa large ouverture à tous types d’utilisateurs et de services fait apparaître ses limites, notamment son inaptitude à offrir des services de qualité en temps réel de voix ou d’images. » Plus loin on lit, après un liste des limites de ce réseau: « Ce réseau est donc mal adapté à la fourniture de services commerciaux. » Sans rire.
FANGMAN vous salue bien en gloussant.
J’ai bien connu cette époque, j’ai même participé. Le problème de ces « brillants » technocrates c’est que leur analyse n’est pas si fausse que cela (je précise: pour l’époque). Il était clair que penser que le « tout gratuit » avait un avenir plutôt réduit face au « business plan » du Minitel (qui a rapporté de l’argent jusqu’à sa « mort »). Mais là où ils ont tout gâché, c’est quand ils se sont (eux et le lobby du CNET) enfermé dans leur tour d’ivoire technologique, et ont refusé l’ouverture vers le 9600bd et le réseau arpanet, et le graphique pur, et surtout ils n’ont pas voulu voir le rapprochement minitel/micro-informatique et donc ont refusé toute passerelle pour le grand public
Sinon je pense que le « systeme » minitel aurait gagné.
A vouloir tout contrôler on finit toujours par ne plus rien contrôler et tout perdre.
Curieusement, l’État ne propose pas ce qui sera le plus rentable, à savoir la privatisation des barrages hydro-électriques. Par contre quand c’est pas terrible, ce même État n’a aucun scrupules à aller chercher les neuneus en mal d’actionnariat.
Ah si je vous comprends bien, il faudrait que l’état privatise tout ce qui est rentable et nationalise ce qui ne l’est pas.
Euh, mes crottes de nez sont-elles ou pas privatisables?
n’est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir!
je parle juste de la répartition des privatisations, à savoir; les plus rentables pour les amis et les moins rentables pour le bas peuple, celui qui est tout juste capable de gober la propagande macronienne
Le fait de privatiser ou pas est un autre débat, où pour moi, le seul critère de choix doit être le maintient de notre indépendance nationales et du service publique (le service publique, c’est ce machin que les parisiens ne comprennent pas et qui fait (sur)vivre des milliers de petites communes rurales).