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lundi 21 avril 2025 - 07:55

Simone Wapler: Faits, interprétations et opinions sur la productivité

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Les gains de productivité réalisés depuis 40 ans ne se retrouvent pas dans les salaires. Mais le coupable n’est pas celui qu’on croit.

Comment des faits peuvent-ils donner lieu à des interprétations et des opinions radicalement différentes ? C’est un sujet que j’ai déjà abordé à propos des dernières statistiques d’Oxfam et de la Banque mondiale au sujet des riches et des pauvres.

Oxfam met l’accent sur l’accroissement des inégalités tandis que la Banque mondiale note que la pauvreté recule. Les riches volent-ils les pauvres ? « Oui » clament certains, « non » soutiennent d’autres.

Autre fait : la productivité augmente mais moins vite que le salaire minimum, le SMIC.

Depuis 1990, la productivité a augmenté de 185% tandis que le SMIC a augmenté de 152%.

Simone Wapler: Créditisme et croissance molle La croissance des salaires au plus bas depuis dix ans

Voici ce qu’écrit Bruno Bertez, l’auteur du blog qui publie ce graphique, ancien patron de presse fondateur de L’Agefi en France :

« Le graphique ci dessous pointe clairement le vol, le hold-up dont sont victimes les salariés depuis le début des années 80. Le bénéfice des gains de productivité est confisqué. Il n’est plus partagé. Le contrat social implicite est déchiré. Il n’existe de richesse que produite par le travail, même le capital physique n’est que du travail accumulé. Donc il n’y a aucune raison de baisser la part du travail dans la valeur ajoutée. »

 Voyons un peu une autre interprétation.

« Il n’y a aucune raison de baisser la part du travail dans la valeur ajoutée ».

Si, il y a au contraire beaucoup de raisons.

Le capitalisme consiste à vouloir à produire plus avec moins. Moins de tout : moins de capital, moins de travail, moins de matières premières. Ce qui mesure tout cela est le prix.

Si le prix du travail est coûteux, la part de travail sera réduite. Si la matière première est coûteuse, on se débrouillera pour en employer moins. Et si le capital est coûteux  – parce que les taux d’intérêt sont élevés – on essaiera d’utiliser moins de capitaux, quitte à employer plus de main d’œuvre ou de matières premières pour arriver au même résultat.

La recherche de parcimonie en matières premières a donné lieu à des avancées considérables en résistance des matériaux. Ne mettre que la matière qui était utile, là où elle était utile fut tout l’objet des réflexions de Gustave Eiffel ; la Tour Eiffel est la preuve matérielle du bien fondé de son analyse et de ses calculs. Depuis Eiffel, la matière est dégraissée là où elle est un poids inutile.

La recherche de parcimonie en main d’œuvre a donné lieu à la division du travail, à la taylorisation, à la mécanisation des tâches.

A chaque choix, le coût du capital est pris en compte. Le capital physique est bien du travail accumulé, s’il correspond à de l’épargne, ce qui était le cas jusqu’au milieu de XXème siècle. Pour pouvoir disposer de ce travail accumulé, de cette épargne, il faut l’acheter avec des intérêts. Les banques agglomèrent l’argent des épargnants pour le prêter à des entrepreneurs ayant besoin de capitaux.

L’avènement du créditisme et les politiques de baisse de taux forcée

Mais au milieu du XXème siècle, tout change. L’argent factice apparaît. Les banques prêtent de l’argent qui n’existe pas encore et non plus seulement de l’épargne. Par conséquent, le coût du capital baisse. C’est l’avènement du « créditisme ».

L’idéologie keynésienne prétend par ailleurs qu’en cas de récession, il convient de baisser le prix que les banques paient pour créer l’argent factice. Dans ces conditions, puisque le capital est bon marché, autant diminuer la main d’œuvre — qui se renchérit du fait des charges sociales.

Si un industriel hésitait à automatiser une vieille chaîne de production en empruntant à 8%, peut-être sautera-t-il le pas s’il trouve à emprunter à 3%.  La part du travail, c’est-à-dire de la main d’œuvre, diminuera. Statistiquement, la productivité augmente mais ce n’est pas celle du salarié, c’est celle qui est due à sa disparition.

Face à des faits, des chiffres, des statistiques, il peut exister une multitude d’interprétations possibles. Certains remettent en cause le capitalisme, le libre-échange, la mondialisation. Fermez les frontières, prenez l’argent des riches et donnez-le aux pauvres qui en ont besoin, taxez ce qui rentre et tout ira mieux, disent-ils.

Mais ce phénomène existerait-il si nous ne vivions pas dans un système où « les Etats-Unis fournissent la fausse monnaie et la Chine les produits bon marché » ? Dans un système où tout crédit serait adossé à une épargne réellement existante et si les taux d’intérêt  rémunéraient justement cette épargne ?

Tricher sur les prix, la monnaie et les taux d’intérêt comme le fait le système monétaire et financier actuel ne peut conduire qu’à de mauvaises allocations de capital et à des distorsions qui brouillent le chemin vers de véritables gains de productivité, les seuls créateurs de vraies richesses.

Le système monétaire et financier nourrit les zombies et il vampirise l’épargne.

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simone-waplerSimone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l’éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd’hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers.

Elle a publié « Pourquoi la France va faire faillite » (2012), « Comment l’État va faire main basse sur votre argent » (2013), « Pouvez-vous faire confiance à votre banque ? » (2014) et « La fabrique de pauvres » (2015) aux Éditions Ixelles.

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2 Commentaires

  1. Simone, vous qui êtes ingénieur ESTP, le BTP est un contre-exemple de votre théorie. En effet, dans ce domaine d’activités, les gains de productivité sont quasi-nuls depuis 20 ans ou plus. La raison principale en est que les prix se sont adaptés et ont baissé en termes relatifs. Plusieurs raisons à cela: la technologie qui utilise des matériaux plus élaborés en moindre quantité mais plus chers, la rationalisation des méthodes de travail utilisant une main d’oeuvre plus qualifiée mais en moindre quantité, une mécanisation plus poussée qui nécessite un investissement accru en capital, la sous-traitance « low-cost », etc. Or, si la part de la masse salariale a diminué dans la valeur ajoutée, ce n’est pas au détriment des salaires (qui ont augmenté), mais du capital autofinancé et des taxes incluant les charges sociales (qui sont en fait du salaire différé). Ceci dit en dehors de toute théorie fumeuse et hors sol dont on nous rebat les oreilles.

  2.  » la productivité augmente mais ce n’est pas celle du salarié, c’est celle qui est due à sa disparition. » Et comme on ne vit pas dans un pays de sauvages, l’état augmente ses dépenses pour compenser la perte de revenus. D’où les 50% de PIB « consommés » par l’état. On oubli aussi que des pertes de revenus, c’est moins de consommation donc moins de production. Comment vendre sa production avec de moins en moins de clients? Aucune croissance ne peut être infinie et je n’ai jamais vu de lignes de production automatisées acheter quoi que ce soit.

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