Alors qu’une vague de faillites continue de déferler aux Etats-Unis à la suite de la pandémie (et je ne parle que des entreprises déjà mal en point), et pour autant, cela n’a pas empêché les dirigeants de certaines des plus grandes entreprises en situation de désastre économique historique, de récupérer d’énormes chèques de bonus, malgré le fait qu’ils ont mené leur entreprise dans le mur. Parmi les noms les plus en vue figurent des sociétés comme JC Penney, Chesapeake Energy et Hertz, qui ont toutes déposé un dossier de mise en faillite cette année.
Ils ont tous également accordé à leurs dirigeants d’importantes primes qui totalisent respectivement 10 millions, 25 millions et 1,5 million de dollars en quelques semaines, et parfois même en quelques jours, à ceux qui ont tout de même conduit leur entreprise à leur faillite. Et le pire dans tout ça, c’est qu’ils sont loin d’être les seuls dans ce cas.Sur les 100 entreprises qui ont déclaré être en faillite depuis le début du confinement lié au Covid-19, Bloomberg estime que 19 de ces grandes entreprises se sont engagées à verser un total de 131 millions de dollars en primes de maintien du personnel et de performance.Les entreprises affirment que les bonus sont là pour garder leurs équipes de direction afin de mener à bien leurs redressements. Oui, nous le savons tous, les mêmes équipes de direction sont ceux qui ont d’abord conduit les entreprises à la faillite. Et les bonus sont difficiles à récupérer à moins qu’ils ne soient pas accordés après qu’une entreprise ait officiellement déposé une demande de protection auprès du tribunal.
Dans un endroit comme JC Penney, où des milliers de personnes perdront leur emploi, le PDG de la société devrait gagner 4,5 millions de dollars en bonus. Herz a distribué 1,5 million de dollars à ses trois principaux dirigeants dans le cadre de 16,2 millions de dollars de primes de maintien du personnel trois jours avant son dépôt de bilan.
Frontier Communication a délivré des primes en février, avant de déposer le bilan en avril. Chesapeake a déclaré en mai son intention de verser 25 millions de dollars de primes à 21 cadres tout en exigeant que d’autres acceptent des réductions de salaires. Le PDG d’Intelsat, qui a conduit l’entreprise à sa faillite et qui en est le responsable depuis 2015, va percevoir un bonus de 6,9 millions de dollars.
Ian Keas, directeur chez Paerl Meyer, une société de conseil en rémunération des dirigeants, a déclaré :« Les membres du conseil d’administration veulent des personnes qui connaissent très bien l’entreprise, maîtrisent les atouts, ainsi que toutes les nuances et facettes de l’entreprise et sont donc en mesure de tirer parti grâce à cette compréhension et de ces connaissances de manière à développer davantage tous les points forts de l’entreprise dans le futur.»Julie Farb, directrice du Centre de recherche stratégique de l’AFL-CIO, une fédération de 55 syndicats, avait une vison carrément différente sur les primes :« Nous trouvons cela vraiment choquant par rapport au salaire médian des salariés, sans oublier les réductions des avantages sociaux et tous ces licenciements dus aux fermetures des magasins. Toute cette situation s’est aggravée dans cet environnement économique actuel lié au Covid-19. »En plus du montant des bonus, la période rend également cela difficile à avaler. A l’heure actuelle, des dizaines de millions d’américains sont au chômage tandis que d’autres risquent leur vie au quotidien pour faire face à la pandémie en se rendant au travail tous les jours.Nell Minow, vice-présidente de ValueEdge Advisors, une société de conseil aux actionnaires, a déclaré :« Ils vont dire qu’ils le font pour la stabilité et la cohérence. Mais lorsqu’une entreprise se dirige vers la faillite, la stabilité et la cohérence ne devraient peut-être pas être parmi vos préoccupations. Il faudrait effectivement peut-être repenser la stratégie de l’entreprise ».
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Les créanciers peuvent avoir un certain recours en déposant une réclamation face aux dirigeants pour contester ces primes de pré-faillite. Mais les combattre peut souvent s’avérer être très coûteux, long et compliqué à gagner.
Source: zerohedge
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