Depuis l’été dernier, un moratoire fédéral sur les expulsions avait empêché que les propriétaires expulsent des millions de locataires américains qui avaient du retard sur leurs loyers. Ce moratoire a été à l’origine de grosses difficultés financières concernant de très nombreux propriétaires, mais il a également évité que des millions et des millions d’américains se retrouvent à la rue, tout particulièrement pendant les périodes de grand froid.
Bien sûr, ce moratoire sur les expulsions n’a jamais été vraiment légal, et il n’a pas fallu très longtemps avant qu’il ne soit contesté devant un juge fédéral qui respecte à la lettre la Constitution américaine. Jeudi, un juge fédéral du district Est du Texas, John Campbell Barker a déclaré que ce moratoire fédéral était totalement inconstitutionnel…
J.Campbell Barker, un juge nommé par Trump dans le district Est du Texas, a rendu jeudi une décision de 21 pages en réponse à un procès intenté par un groupe de propriétaires et de gestionnaires immobiliers.« Le gouvernement fédéral ne peut pas dire qu’il n’a jamais invoqué son pouvoir sur le commerce interétatique pour imposer un moratoire sur les expulsions résidentielles », a écrit Barker, notant qu’il ne l’avait pas fait pendant la pandémie de grippe espagnole, ou pendant la Grande Dépression. « Le gouvernement fédéral n’a revendiqué un tel pouvoir à aucun moment de l’histoire de notre pays jusqu’à l’année dernière. »
Mais Barker n’a émis aucune sorte d’injonction, et le moratoire est donc toujours en vigueur pour le moment. Dans sa décision, Barker a exprimé sa conviction que les accusés respecteront le jugement déclaratoire et retireront eux-mêmes ce fameux moratoire…
La portée de l’ordonnance n’est pas claire. Barker a écrit que, compte tenu des représentations des défendeurs devant le tribunal, il est prévu que les défendeurs respecteront le jugement déclaratoire ».
Les responsables fédéraux pourraient être tentés de traîner des pieds, mais le moratoire actuel expirera de toute façon le 31 mars.
Donc, que cela se produise immédiatement ou dans quelques semaines, le moratoire fédéral sur les expulsions prendra fin.
Bien sûr, certains états ont mis en place leurs propres moratoires, et Barker a noté que ceux-ci sont constitutionnels. Les locataires de ces états bénéficieront donc au moins d’une certaine protection à l’avenir.
Mais pour la majeure partie du pays, les choses sont sur le point de changer de manière dramatique.
Selon une étude récente, plus de 10 millions de ménages américains sont actuellement en retard de paiement sur leurs loyers…
Une analyse publiée le mois dernier par Moody’s Analytics Intitute indique que plus de 10 millions de locataires sont en retard de paiement sur leurs loyers et risquent d’être expulsés. De plus, le locataire en retard de paiement typique a près de quatre mois et 5 600$ de retard sur ses mensualités et de services publics en janvier, selon l’analyse.« Pour mettre cela en perspective, environ sept millions de ménages ont perdu leur logement lors d’une saisie durant les cinq années de la crise financière mondiale », ont écrit les chercheurs. « De nos jours, nous avons 10 millions de familles qui sont confrontées au même sort en quelques mois. »
Même si les moratoires sur les loyers restent en place dans certains états dans un avenir proche, nous allons toujours voir des millions et des millions de ménages expulsés en 2021.
Il s’agira du plus grand tsunami d’expulsions de l’histoire des Etats-Unis, et le nombre de sans abris va considérablement augmenter.
Inutile de dire que ce sera une période catastrophique humainement parlant.
Pendant ce temps, nous avons déjà assisté à un tsunami de faillites.
En fait, le nombre de dépôts de bilan enregistré dans le chapitre 11 en 2020 était d’au moins 30% plus élevé par rapport aux quatre années précédentes…
Les faillites enregistrées par les sociétés de divertissement en 2020 ont presque quadruplé et les dépôts ont presque triplé pour les sociétés pétrolières et gazières. Elles ont doublé pour les sociétés informatiques et de logiciels et ont augmenté de 50% ou plus pour les restaurateurs, les sociétés immobilières et les détaillants par rapport à 2019, selon les données qui nous proviennent d’une enquête.Il y a eu 5 236 dépôts de bilan au titre du chapitre 11 en 2019, et 6 917 l’année dernière, un total d’au moins 30% supérieur à celui des quatre années précédentes.
Ceci ne ressemble absolument pas à une reprise économique…
Malheureusement, la vérité est que l’économie américaine et en train de s’effondrer tout autour de nous et que le pire reste à venir.
Jusqu’à tout récemment, le marché boursier était l’un des rares points positifs, mais maintenant le chaos est revenu à Wall Street.
Vendredi, le Dow Jones a encore perdu 469 points…
Le Dow Jones Industrial Average a fortement baissé vendredi pour clôturer près de son plus bas lors de la séance alors que Wall Street avait du mal à se débarrasser des craintes d’une hausse rapide des taux.L’indice de référence de premier ordre a perdu 469,64 points au cours d’une séance plutôt volatile, soit -1,5%, à 30 932,37 après avoir connu un moment dans le vert un peu plus tôt. Le S&P 500 a chuté de -0,5% à 3 811,15 en raison du recul des valeurs énergétiques et financières. Le Nasdaq Composite a terminé la journée en hausse de +0,6% à 13 192,34, les grands noms de la technologie ayant rebondi après sell-off(vente massive) lors de la session précédente en pleine envolée des rendements obligataires. Facebook, Microsoft et Amazon ont chacun augmenté de plus de 1%. L’indice de référence en technologie « tech-heavy Nasdaq » a été extrêmement volatil lors de la séance de vendredi, puisqu’il a bondi de 1,9% à son plus haut puis a chuté jusqu’à -0,7%.
Comme je l’ai évoqué hier, je ne pense pas qu’un krach boursier massif soit imminent. Mais les premiers signes avant-coureurs auxquels nous assistons actuellement ne doivent certainement pas être pris à la légère.
Beaucoup s’attendent à ce que les conditions économiques aux Etats-Unis s’améliorent à mesure que la pandémie disparaît, mais il y a un certain nombre d’autres événements déclencheurs qui risquent de nous frapper en 2021 et au-delà.
Compte tenu de notre vulnérabilité actuelle, il ne nous en faudra certainement pas beaucoup pour nous envoyer dans une spirale infernale dont il sera très difficile d’en sortir indemne.
Malheureusement, ce sont toujours ceux qui se trouvent tout en bas de l’échelle sociale qui sont les plus durement impactés lorsqu’il y a des chaos économiques et sociaux.
Il est évident que cela ne doit pas être facile pour tous ces propriétaires qui n’ont pas reçu leurs paiements de loyers depuis des mois maintenant, mais que dire également de tous ces millions d’américains qui vont bientôt se retrouver à la rue ?
Je peux vous dire que la détresse humaine que nous allons voir prochainement, beaucoup de gens ne l’imagine même pas, et tous ceux qui s’attendent à ce que Joe Biden fasse des prouesses pour les aider, vont être extrêmement déçus.
Source: theeconomiccollapseblog – Voir les précédentes interventions de Michael Snyder
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