Les terribles années vingt.
Je ne suis en train de remettre au goût du jour les mauvaises données américaines du passé : si vous souhaitez en faire le décompte exact, allez-y, je vous en prie, faites-le. Mais ce qui est frappant, c’est que la « First Republic Bank » s’est de nouveau effondrée, ce qui a également conduit à une aversion pour le risque du marché. Pour certains, cela signifie qu’un pivot de la Fed se profile ; pour d’autres, plus de hausses de taux plus des acronymes, et la Fed prenant plus de contrôle sur le secteur bancaire et le secteur bancaire parallèle. Mais pour le moment, je peux vous dire qu’il se passe des choses inimaginables : Dans le milieu de la haute finance, des géants parlent d’une crise financière qui va dépasser l’entendement.
Concernant le plafond de la dette américaine, le secrétaire au Trésor Yellen a déclaré qu’une « catastrophe économique » serait déclenchée si un défaut américain se produisait. Certaines modélisations externes montrent que le chômage pourrait dépasser les sommets de 2008, le PIB chuter de 10 % et l’inflation revenir à plus de 10 %. Cependant, la probabilité est bien plus grande que ça et il faut que tout le monde le sache, et après avoir fait beaucoup d’efforts de toute sorte, beaucoup de républicains soutiennent une mesure démocrate pour essayer de sauver l’économie et surtout l’ensemble du système financier.
Ce n’est pas vrai en termes d’image globale, cependant, ce qui devrait vous inquiéter beaucoup plus en conséquence. Dans « Thin Ice » de 2016, j’ai souligné comment l’ordre mondial néolibéral s’est effondré à deux reprises, en 1914 et 1939. Ce cadre reste essentiel pour définir le tableau d’ensemble du marché aujourd’hui. Bref, il y a des parallèles inquiétants entre les deux derniers épisodes historiques et 2023.
En 1914, l’effondrement a été provoqué par la contestation de l’hégémonie mondiale de la Grande-Bretagne par l’Allemagne. Aujourd’hui, le rédacteur en chef du « Financial Times », Martin Wolf, déclare que les relations américano-chinoises « sont entrées dans une nouvelle ère effrayante » qui déterminera le destin de l’humanité au XXIe siècle et « s’il y aura une véritable paix, prospérité et protection de l’environnement planétaire, ou tout le contraire. » Il dit qu’il est peu probable qu’une « concurrence gérée » proposée fonctionne – je suis d’accord – et il conclut ainsi sa démonstration : « Peu de dirigeants dans l’histoire ont porté un fardeau moral plus lourd que ceux d’aujourd’hui. » Vous pouvez essayer d’ignorer ces début de krach financier, mais c’est pourtant la réelle situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.
En 1939, l’effondrement était dû au fait que l’Europe n’avait pas réussi à régler ses dettes après la Première Guerre mondiale via l’inflation, le défaut de paiement ou la taxation du capital ou du travail, ce qui a conduit à 1929, aux années 1930 et à Hitler. Hier, avec la montée en flèche de la dette et les syndicats en grève, l’économiste en chef de la BOE, Pill, a déclaré que les Britanniques « doivent accepter » qu’ils sont plus pauvres en raison de la hausse de l’inflation plutôt que d’exiger des augmentations de salaire. Mais pourquoi le conflit sur l’inflation doit-il être gagné par le capital ? Les annonces de bénéfices des principales entreprises alimentaires de consommation viennent d’indiquer qu’elles ont augmenté leurs prix à deux chiffres et/ou qu’elles le feront à nouveau, et n’ont subi aucun impact sur leurs résultats malgré la hausse des prix des matières premières.
Alors que certains attendaient avec impatience les « années folles » à la fin de 2019, même avant Covid, je craignais le rugissement différent des « Terrible Twenties ». Lisez Wolf et écoutez Pill, et essayez de d’analyser les choses différemment.
Le discours de la présidente de la BCE Lagarde la semaine dernière – où elle a souligné qu’un monde géopolitique fragmenté signifiait que les banques centrales devaient sortir des sentiers battus pour ramener l’IPC à 2 % – n’a clairement pas encore résonné dans sa sphère.
En revanche, l’examen de la RBA semble un coup d’État pour les économistes plutôt que d’apporter une réflexion géopolitique hétérodoxe, multidisciplinaire. Les lignes de swap de la Fed – à l’exclusion des marchés émergents comme l’Argentine, la Bolivie et l’Égypte qui mendient des dollars – reviennent à un calendrier hebdomadaire, et non quotidien, car les choses semblent « plus normales ». La BOE montre que lorsque les choses se passent bien, elle en donne un aux employés. Rien de tout cela ne réduira les risques d’une nouvelle fracture de l’architecture mondiale à venir.
En Occident, les salariés investiront les banques centrales. Nous n’avons pas besoin d’économies avec des bulle d’endettement, donc de taux plus élevés, mais nous avons besoin de plus de production industrielle, de résilience de la chaîne d’approvisionnement et de dépenses de défense – c’est pourquoi les entreprises et les gouvernements le font. Bonne chance pour dire aux gens qu’ils ne peuvent pas avoir d’augmentation de salaire pendant que ce processus d’inflation élevée – maintenant, d’inflation faible – beaucoup plus tard se produit. Peut-être pouvons-nous utiliser l’IA pour renvoyer tous les cols blancs, mais alors bonne chance pour que les gens vous croient et se battent pour vous, surtout si vous leur dites que la situation est pire ailleurs, ce que les chefs d’entreprise qui aiment prêcher la durabilité et la diversité le font déjà. Globalement, EM cherchera des alternatives et/ou copiera ce que fait l’Occident.
Pourtant, combien de personnes « moralement investies » travaillent dans les banques centrales, ou écrivent à leur sujet, ont une compréhension de la géopolitique ou des études stratégiques – et combien de temps cela peut-il durer si Wolf a raison dans son évaluation sombre des relations américano-chinoises ? De même, combien dans les banques centrales, ou qui écrivant sur ce sujet, ont déjà eu vraiment froid ou faim ; a eu du mal à trouver du travail ; payé à la semaine ou avec un contrat de zéro heure ; vivant grâce aux avantages de l’État ; ou dormi dans la rue ? A ce titre, combien d’entre eux comprennent les risques d’un conflit interne déstabilisant à la manière des années 1920 ?
Les années 20 sont terribles à cause de nos institutions défaillantes, pas des gens qui n’accepteront pas qu’ils soient maintenant dans la grande pauvreté. Pour ceux qui veulent une idée de la pauvreté sans GN d’appartenance à la classe ouvrière, lisez « The Road to Wigan Pier » ou « Down and Out in Paris and London » d’Orwell. L’éclat de l’écriture et la prescience inquiétante, ou l’écho actuel, de son analyse en valent la peine :
Sur les prix de la nourriture :
« Un être humain est avant tout un sac dans lequel on met de la nourriture ; les autres fonctions et facultés peuvent être plus divines, mais dans le temps elles viennent après. Un homme meurt et est enterré, et toutes ses paroles et actions sont oubliées, mais la nourriture qu’il a mangée vit après lui dans les os sains ou pourris de ses enfants. Je pense qu’il pourrait être plausible d’affirmer que les changements de régime alimentaire sont plus importants que les changements de dynastie ou même de religion.
Sur la différence des classes et sur l’économie:
« L’homme instruit se représente une horde de sous-hommes, ne voulant qu’une journée de liberté pour piller sa maison, brûler ses livres et le mettre au travail à surveiller une machine ou à balayer des toilettes. « N’importe quoi », pense-t-il, « n’importe quelle injustice, plutôt que de lâcher cette foule. » Il ne voit pas que puisqu’il n’y a pas de différence entre la masse des riches et celle des pauvres, il n’est pas question de déchaîner la foule. La foule est en fait lâche maintenant et – sous la forme d’hommes riches – utilise son pouvoir pour mettre en place d’énormes tapis roulants d’ennui, tels que des hôtels « intelligents ».
Sur le contexte international :
« Il était facile de rire du fascisme quand on imaginait qu’il reposait sur un nationalisme hystérique, car il paraissait évident que les États fascistes, chacun se considérant comme le peuple élu et patriotique contra mundum, s’affronteraient. Mais rien de tel ne se passe. Le fascisme est maintenant un mouvement international, ce qui signifie non seulement que les nations fascistes peuvent s’unir à des fins de pillage, mais qu’elles tâtonnent, peut-être à moitié consciemment encore, vers un système mondial. A la vision de l’Etat totalitaire se substitue la vision du monde totalitaire.
Et en 2023 alors ?
« Nous vivons dans un monde dans lequel personne n’est libre, dans lequel presque personne n’est en sécurité, dans lequel il est presque impossible d’être honnête et de rester en vie. »
Revenons maintenant au comptage des très petits grains. La Nouvelle-Zélande a connu une autre augmentation considérable de son déficit commercial, les importations ayant bondi beaucoup plus que les exportations. Cela commence à ressembler positivement à EM pour certains : là encore, DM = EM a été l’un de mes mèmes de 2023 jusqu’à présent. De même, l’IPC australien était de 1,4 % en glissement trimestriel contre 1,3 % de consensus et de 7,0 % contre 6,9 % en glissement annuel. Cependant, le mois de mars était de 6,3 % contre 6,5 % en glissement annuel et la moyenne pondérée du premier trimestre de 1,2 % qoq contre 1,4 %, et la médiane pondérée de 1,2 % qoq contre 1,3 %. Pourtant, l’IPC des biens échangeables était de 0,3 % en glissement annuel contre les biens non échangeables à 1,9 %, donc des problèmes locaux incessants, mais pas pour « Poutine ».
La RBA donnera-t-elle à nouveau des aides financières à ses salariés ou attendra-t-elle que 300 000 nouveaux arrivants arrêtent la croissance des salaires pour elle ? Les années 20 terribles se profilent dans les deux sens, avec un vaste pays avec une petite population qui voit les prix de l’immobilier et les augmentations de loyer énormes.
Source: zerohedge
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G.