Pourquoi les Pays Riches sont-ils Plus Dépressifs ? Analyse d’Olivier De Schutter
L’idée que la richesse garantit le bien-être est de plus en plus remise en question. Selon Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains et la pauvreté, la croissance économique, loin de réduire la pauvreté et les troubles mentaux, les exacerbe. Son dernier rapport, L’économie du burnout : pauvreté et santé mentale, explore ce lien inquiétant entre prospérité économique et détresse psychologique.
La croissance économique : un moteur de stress et de précarité
Loin d’être une solution aux inégalités sociales, la course effrénée à la croissance entraîne une pression accrue sur les travailleurs, une précarisation de l’emploi et une stigmatisation des troubles mentaux. Selon De Schutter, l’épuisement professionnel et l’anxiété deviennent des fléaux courants dans les économies développées, alimentant un cercle vicieux où pauvreté et santé mentale se nourrissent mutuellement.
Santé mentale et pauvreté : un cercle vicieux
Le rapport met en lumière plusieurs points clés :
- La contre-productivité de la croissance : Une économie axée sur la performance et la compétitivité crée un stress constant, qui détériore la qualité de vie des individus.
- L’écoanxiété et la pression sociale : Les préoccupations environnementales et l’incertitude économique renforcent les troubles anxieux et dépressifs.
- La stigmatisation de la santé mentale : Dans les sociétés développées, admettre une détresse psychologique reste souvent tabou, empêchant une prise en charge adéquate.
- L’impact de la pauvreté sur la santé mentale : L’instabilité financière accroît le stress et l’anxiété, tandis que les personnes en situation de précarité ont un accès limité aux soins.
- L’impact de la santé mentale sur la pauvreté : Une mauvaise santé mentale réduit les capacités à travailler et à s’intégrer économiquement, aggravant ainsi la pauvreté.
Quelles solutions pour sortir de cet engrenage ?
Face à ce constat, plusieurs pistes sont envisagées :
- Une redéfinition des objectifs économiques : Privilégier une économie axée sur le bien-être plutôt que sur la croissance aveugle.
- Un renforcement des politiques sociales : Mieux encadrer le marché du travail et garantir un accès universel aux soins de santé mentale.
- Une sensibilisation accrue : Déstigmatiser les troubles mentaux pour favoriser une prise en charge précoce.
L’analyse d’Olivier De Schutter met en lumière une réalité souvent ignorée : le progrès économique ne rime pas toujours avec bien-être. Repenser notre modèle de développement devient essentiel pour éviter l’épuisement collectif et favoriser une société plus équilibrée.
Références :
- Changer de boussole – Olivier De Schutter
- L’économie du burnout – Rapport de l’ONU
- Morts de désespoir, l’avenir du capitalisme – Case & Deaton
- The Spirit Level – Wilkinson & Pickett
- Les limites sociales de la croissance – Max-Neef
- Le Mythe de la normalité – Gabor Maté