Comment un quadrupède et une fermière débutante permettent d’expliquer nombre d’absurdités et de déséquilibres et dysfonctionnements de la finance contemporaine…
Je suis retombé sur cette petite histoire riche d’enseignements :
« La petite Marie déménage à la campagne et achète un âne à un vieux fermier pour 100 €. Le fermier doit livrer l’âne le lendemain, mais voilà, le jour de la livraison…
– Désolé Marie, mais j’ai une mauvaise nouvelle : l’âne est mort.
– Alors rendez-moi mon argent.
– Je ne peux pas faire ça. Je l’ai intégralement dépensé…
– Bon eh bien vous n’avez qu’à m’apporter l’âne.
– Qu’est-ce que tu vas faire avec un âne mort?
– Je vais le faire gagner par un tirage au sort à une tombola.
– Tu ne peux pas faire tirer un âne mort comme lot !
– Bien sûr que si. Je ne dirai à personne qu’il est mort. [Phénomène bien connu en économie de l’asymétrie d’information sur les marchés financiers, également appelé ‘sélection adverse’.]
Dans sa situation, le fermier se dit qu’il ne peut pas vraiment refuser. Il amène donc l’âne à la petite Marie.
Un mois plus tard, il revient voir la petite Marie…
… Et tombe sur cette situation surprenante…
– Qu’est devenu mon âne mort ?
– Je l’ai fait tirer au sort. J’ai vendu 500 billets à 2 € : ça m’a fait une recette de 1 000 € !
– Et personne ne s’est plaint ?
– Seulement le gars qui a gagné. Mais je lui ai rendu ses 2 € et il n’a pas fait d’histoires ! »
On ne peut s’empêcher de faire le lien entre cette amusante histoire et les absurdités de notre système économique depuis plusieurs années.
Actifs surévalués et alchimie
Vous aurez noté que l’âne de Marie nous rappelle un actif surévalué dont les fondamentaux sont pourtant très dégradés.
Pire, cela nous fait penser à l’« imagination » des alchimistes de la finance qui conduit à créer des produits structurés adossés à un sous-jacent qui n’a plus de valeur et que l’on revend ensuite à une multitude d’investisseurs.
Rappelons-nous la crise de la titrisation subprime en 2007-2008 qui représentait un transfert de créances toxiques logées dans le bilan de banques vers des actifs financiers souscrits par des investisseurs du monde entier. Il est à noter que la titrisation en tant que telle n’est pas un mal en soi : tout dépend de la qualité et solvabilité des crédits transformés en titres.
Cette histoire nous fait également penser à la déconnexion monstrueuse entre l’économie réelle et les marchés financiers. Aujourd’hui plus que jamais, en dépit des formules simplistes du genre « le marché a toujours raison », la valorisation de nombreux actifs financiers ne reflète pas les fondamentaux de ces actifs.
On nous rétorquera que la Bourse anticipe. La belle affaire : nous avons beau être positifs et constructifs, encore faut-il anticiper correctement.
L’âne de Marie qui est mort et qui est négocié lors de cette tombola ressemble étrangement à ces émissions de promesses de valorisations surréalistes et stratosphériques de titres qui s’introduisent en Bourse sur des prétendus business models « disruptifs » (terme à la mode qui empêche de réfléchir et de faire preuve de bon sens) ; ou qui se négocient sur les marchés secondaires à des prix représentatifs d’espérances de bénéfices aussi exagérées que stupides.
La politique aussi…
Enfin, cette histoire nous rappelle les dérives des politiques budgétaire et monétaire. En effet, le fermier ressemble à l’Etat qui dépense de manière improductive de l’argent qui ne lui appartient pas – le fameux argent public.
Marie ressemble d’ailleurs aussi à l’Etat levant des impôts supplémentaires pour financer les gaspillages. On pourrait également la comparer à une banque centrale qui crée de la monnaie ex nihilo (sans contrepartie productive) pour financer le déficit budgétaire supplémentaire.
Une histoire amusante certes, mais qui permet de comprendre les absurdités du mode de fonctionnement des économies et marchés financiers contemporains.
Ici, contrairement à la formule consacrée, toute ressemblance avec des événements ou institutions ayant existé n’est pas fortuite…
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Mory DoréMory Doré est un professionnel des marchés financiers depuis plus de 20 ans ayant exercé différentes fonctions dans plusieurs grands groupes bancaires : économiste de marché ; trader et arbitragiste sur produits dérivés de taux d’intérêt ; trésorier et responsable de l’allocation des excédents de fonds propres ; responsable gestion financière.Aujourd’hui, il est responsable du département des risques financiers dans un grand groupe bancaire mutualiste.Durant ces 10 dernières années, il est un interlocuteur privilégié de la gestion financière et des risques financiers de son établissement auprès de différentes instances et institutions : commissaires aux comptes, Commission bancaire, Comité d’audit et Comité d’entreprise. Il possède un diplôme de statisticien économiste de l’école nationale de la Statistique et de L’Administration économique ainsi qu’une maîtrise d’Econométrie de l’Université de Bourgogne (Dijon).
A l’attention des lecteurs du site BusinessBourse
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