Malgré la rhétorique « ferme » du bureau de Zelensky sur le fait de « ne pas reculer » face aux forces russes, le consensus parmi les réalistes est que la seule issue pour l’Ukraine à ce stade est un règlement négocié. Au moins au niveau public, la Maison Blanche a continué de soutenir Kiev en rejetant les négociations alors que l’effusion de sang se poursuit.
Pourtant, on soupçonne depuis de nombreux mois que même l’administration Biden voit ce qui est écrit sur le mur et fait discrètement pression pour que le président Zelensky s’engage dans des négociations. Kiev a présenté son propre plan de paix à ses alliés, mais que Moscou a déjà longtemps rejeté comme étant impossible, étant donné qu’il exigerait que les troupes russes rentrent simplement chez elles, rendant la Crimée et les quatre territoires annexés à l’Ukraine. Par exemple, voici le point 6 du plan de paix en dix points de Zelensky :
Pour cesser les hostilités, la Russie doit retirer purement et simplement toutes ses troupes et formations armées du territoire ukrainien. Le contrôle total de l’Ukraine sur sa frontière nationale, reconnu internationalement, doit être rétabli.
Sans cela, aucune paix durable ne pourra être réalisée. Chaque jour où des soldats russes restent sur le territoire ukrainien, les Ukrainiens doivent se battre et mourir pour protéger leurs foyers et protéger le monde des conséquences à long terme de cette agression.
De toute évidence, le président Poutine ne négociera pas la fin ou la « perte » de l’ensemble de son opération qui a duré deux ans, surtout quand, de l’avis de tous, la Russie a le dessus, et alors que Kiev lutte contre le manque de main-d’œuvre et d’approvisionnement régulier en munitions. Tragiquement, la guerre a probablement fait des centaines de milliers de morts, et peut-être autant de blessés graves.
Mardi, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a annoncé que, selon les estimations du Kremlin, l’Ukraine aurait perdu plus de 200 000 soldats en 2023. « Les groupes de troupes russes réduisent méthodiquement le potentiel de combat des forces armées ukrainiennes. Au cours de l’année écoulée, les pertes ennemies ont dépassé 215 000 militaires et 28 000 systèmes d’armes. Nous maintenons l’initiative stratégique sur toute la ligne de contact de combat », a déclaré Choïgou lors d’une réunion des chefs militaires. Bien entendu, il n’existe aucun moyen de vérifier ce chiffre, et les deux parties ont gardé le secret sur les pertes militaires. Zelensky a également récemment déclaré que l’autre partie avait subi de « lourdes pertes ».
À ce stade, même les partisans les plus ardents de l’Ukraine reconnaissent que la situation sur les lignes de front est désespérément dans une impasse. La guerre dégénère désormais en attaques aériennes transfrontalières insensées où les civils des deux côtés subissent le plus gros des souffrances.
Il semble que Washington intensifie ses efforts diplomatiques pour relancer un processus de négociation sur une voie favorable à l’Ukraine. Mais convaincre Moscou sera une autre histoire, d’autant plus qu’elle bénéficie du soutien ou du moins du soutien tacite (ou du silence « neutre ») de grandes économies comme la Chine et l’Inde. Bloomberg a fait état mardi d’une réunion secrète récemment tenue en Arabie Saoudite :
Une réunion secrète a eu lieu le mois dernier entre l’Ukraine, ses alliés du Groupe des Sept et un petit groupe de pays du Sud pour tenter de rallier un soutien aux conditions imposées par Kiev pour la tenue de pourparlers de paix avec la Russie, selon des sources proches du dossier.
La réunion non divulguée du 16 décembre des conseillers à la sécurité nationale s’est tenue en Arabie Saoudite et faisait suite à des rassemblements plus importants et médiatisés visant à contrer les tentatives de Moscou de diviser et de présenter l’Ukraine et ses alliés comme peu disposés à négocier la fin de la guerre.
Il n’en demeure pas moins que bon nombre de ces pays du Sud ont joué un rôle clé en aidant la Russie à surmonter la tempête de sanctions entre les États-Unis et l’Union européenne visant Moscou.
Bloomberg affirme que l’aspect secret visait à permettre aux autres pays de se sentir plus à l’aise pour parler et agir librement sans avoir à s’inquiéter d’un éventuel retour de flamme ou de répercussions de la part de Moscou. Bien sûr, la Russie n’a pas été invitée et, surtout, la Chine n’y est pas allée. Parmi les principaux participants figuraient de hauts représentants de la Turquie, de l’Inde et de l’Arabie saoudite, mais le Brésil (qui a apparemment soumis une déclaration écrite), la Chine et les Émirats arabes unis étaient particulièrement absents, selon des sources citées dans le rapport.
» Il n’y a eu aucun progrès majeur lors de la dernière réunion, tenue à Riyad, selon des personnes proches de la séance qui ont demandé l’anonymat pour discuter de sujets qui ne sont pas publics », écrit Bloomberg. « L’Ukraine et ses alliés du G7 ont continué de résister aux appels des pays du Sud à s’engager directement avec la Russie, ont-ils déclaré. »
La Chine est considérée comme la clé pour amener la Russie à faire des compromis significatifs, mais Xi et Poutine savent que le succès militaire russe en Ukraine signifie que Kiev n’a aucune carte à jouer. En fin de compte, si la Chine ne s’associe pas à de telles initiatives visant à inciter les pays du Sud à adopter une ligne antirusse plus ferme, il n’y aura pas grand-chose qui en sortira.
Pourtant, il semble que chaque partie se dirige au moins vers de futures négociations. « Liu Jianchao, chef du département international du Comité central du Parti communiste chinois, a déclaré lors d’un événement aux États-Unis que la Russie avait montré son enthousiasme à l’idée d’engager des pourparlers de paix avec l’Ukraine, lorsque les responsables chinois s’entretenaient avec eux « , selon les dernières informations de Bloomberg.
Source: zerohedge
