Cher lecteur, une tendance est à l’œuvre qui nous concerne tous ; elle commence à devenir réalité pour certains d’entre nous. Soyez-en conscient. Mieux, préparez-vous.
Je lisais récemment le Handelsblatt (l’équivalent du Financial Times en Allemagne). L’ancien banquier central britannique Charles Goodhart y prônait sans vergogne la mort des billets de 500 € et 1 000 francs suisses. Rien de nouveau : ces coupures feraient le bonheur des trafiquants en tous genres… Mais Goodhart a surtout dégainé un autre argument : la disparition de ces coupures permettrait de faire baisser les taux d’intérêt ! Les banques centrales pourraient ainsi pratiquer des taux d’intérêt négatifs.
Andrew Haldane, chef économique de la Banque d’Angleterre, lui emboîte le pas en ajoutant la nécessité de faire disparaître l’argent cash. Pourquoi ? Parce que les banques centrales ont atteint leurs limites avec les taux zéro. Comment aller plus loin dans leur politique si le taux plancher est atteint ? Elles sont aujourd’hui coincées et doivent trouver une solution pour aller plus loin. Car s’il y a bien une chose dont nos banquiers centraux restent convaincus, c’est qu’une politique laxiste de taux zéro (voire de taux négatifs) est bonne pour nous, cher lecteur ; elle relance la croissance économique.
Bien entendu, nous n’en croyons pas un mot. La Fed, la BCE, les Banques centrales du Japon, d’Angleterre, de Suisse… toutes ont pratiqué les taux zéro, les QE, les rachats massifs d’actifs… cette débauche de moyens n’a pas réussi à faire repartir la croissance en Occident malgré les milliers de milliards injectés sous toutes les formes possibles et imaginables dans le système depuis des années. Pourquoi cela changerait-il aujourd’hui ?
A ce sujet, écoutez ci-dessous l’intervention de Philippe Béchade sur la politique monétaire menée par Mario Draghi.
Vendredi 23 Octobre 2015, Philippe Béchade, rédacteur en chef de la bourse au quotidien est revenu sur la conférence de presse donnée par Mario Draghi, le directeur de la BCE, jeudi à Malte.
L’intervention de Philippe Béchade est sans appel : selon lui, M. Draghi a tombé le masque et laisse désormais voir à quel point sa politique monétaire ne sert que l’intérêt exclusif des marchés financiers, au détriment de l’économie réelle, et en jouant à un jeu qui pourrait se révéler particulièrement dangereux avec les autres Banques centrales.
Philippe Béchade: Mario Draghi est un manipulateur et un menteur invétéré !
Mais pour le système bancaire et monétaire en place, convaincu du bien-fondé de sa politique, la seule question est : Comment aller sous le plancher du taux zéro ? La réponse est simple : en instaurant des taux négatifs ! Taxer les dépôts bancaires pousserait les gens à dépenser leur argent (donc à consommer !), car s’ils laissaient leur argent en banque, ils seraient punis (taux négatif oblige).
Mais voilà… tant qu’il y aura de l’argent cash, la politique de taux négatif ne sera pas efficace car les déposants ne se laisseront pas faire… Ils retireront leur argent de la banque pour éviter la taxe et le garderont chez eux. En cash.
D’où la machiavélique idée de supprimer le cash. Si l’argent devient 100% numérique, vous n’avez plus de solution de repli. Vous aurez le choix entre :
- Consommer de force,
- Ou vous faire taxer par votre banque (via le taux négatif appliqué à votre compte courant).
Rogoff, ex économiste en chef du FMI, ne cesse de dire et répéter que la société sans cash est un enjeu majeur dans le Financial Times.
C’est donc cela l’idée… Il faut supprimer le cash, instaurer des taux négatifs pour redonner du pouvoir aux banquiers centraux embourbés dans leur propre impuissance… Évidemment, les banquiers, à l’image du chef économiste de Citigroup Willem Buiter, soutiennent l’initiative. Et pour cause : c’est tout bénéfice pour leurs marges. Il y a là un véritable lobbying à l’œuvre…